jeudi 22 décembre 2011

Réquisitoire du Procureur Pinard contre Madame Bovary



Le Procureur Pinard en 1857 prononce un réquisitoire sévère contre le roman de Flaubert. Vous apprécierez la maîtrise de l'anaphore et de la question rhétorique ! 


(CARICATURE D’ HONORÉ DAUMIER, 1808-1879)
 

"(...) Serait-ce au nom de l'honneur conjugal que le livre serait condamné ? Mais l'honneur conjugal est représenté par un mari béat, qui, après la mort de sa femme, rencontrant Rodolphe, cherche sur le visage de l'amant les traits de la femme qu'il aime (livr. du 15 décembre, p. 289). Je vous le demande, est ce au nom de l'honneur conjugal que vous pouvez stigmatiser cette femme, quand il n'y a pas dans le livre un seul mot où le mari ne s'incline devant l'adultère.
Serait-ce au nom de l'opinion publique ? Mais l'opinion publique est personnifiée dans un être grotesque, dans le pharmacien Homais, entouré de personnages ridicules que cette femme domine.
Le condamnerez-vous au nom du sentiment religieux ? Mais ce sentiment, vous l'avez personnifié dans le curé Bournisien, prêtre à peu près aussi grotesque que le pharmacien, ne croyant qu'aux souffrances physiques, jamais aux souffrances morales, à peu près matérialiste.
Le condamnerez-vous au nom de la conscience de l'auteur ? (...)"

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Ci-dessous un extrait vidéo de l'adaptation de Madame Bovary par Claude Chabrol ( 1991) :